Dans son atelier de la Marsa, Ymen Berhouma trouve la solitude nécessaire pour coucher ses inspirations sur des toiles disposées à même le sol. Sa technique, elle l’a acquise en autodidacte et son art, telle une thérapie, lui permet d’extérioriser les agitations de son âme.
Elle nous reçoit dans ce charmant espace où les tableaux tapissent les murs des différentes pièces et où le patio se prête à une conversation décontractée.
À la lisère du figuratif
Sur la gauche se trouve une pièce entièrement jonchée de papier-journal et de tubes de peinture acrylique. L’espace de travail d’Ymen reflète le mystère de la création artistique. À la vue de ses multiples matériaux, on ne se lasse pas d’imaginer ces instants d’illumination qui amènent l’artiste à réaliser ces tableaux vibrants d’émotions.
Les silhouettes frêles et désenchantées d’Ymen apparaissent sur la toile par un acte de déchirement les dévoilant. L’acheminement est particulier et vogue d’abord dans l’expression abstraite, avant que n’apparaissent, par surprise, les ombres que les pigments viennent animer.
En effet, son travail est au carrefour entre peinture et collage. Elle aborde ses toiles horizontalement par les quatre coins-d’entrée et sans réflexion préalable, coupe, assemble, dessine et peint ce que son âme lui suggère. Ses chuchotements internes, sublimés par des formes et des couleurs, donnent naissance à des êtres agames (dépourvus d’organes sexuels) et dont la solitude est perceptible.
Lieu d’inspiration
Venue à la peinture après quelques ateliers suivis sans assiduité, Ymen s’est d’abord faite remarquer grâce à ses talents de styliste et designer , qui lui ont rapidement permis de rencontrer d’autres artistes.
Ciseaux et pinceaux en main, elle se distingue par un travail pictural mixte et très personnel, qui a déjà fait l’objet de plusieurs expositions individuelles.
Dans la pièce du fond de l’atelier, on découvre un espace aménagé en chambre d’accueil. Bureau, lit et armoires sont agencés pour accueillir les amis et proposer une retraite forcément stimulante aux artistes de passage. Accrochés aux murs ou entreposés sur des livres, des tableaux de diverses provenances enchantent les lieux. Une collection d’artistes prometteurs, qu’Ymen avoue constituer en faisant du troc, au gré de chacune de ses nouvelles rencontres marquantes. Mohamed Ben Slama ou encore Halim Karabiben sont tous passés par la maison et y ont laissé leur trace.
Pour ces futurs projets, Ymen souhaite explorer de nouveaux médiums. Outre les cours de tricot qu’elle prends actuellement, ses mains se frottent pour modeler l’argile et préparer une prochaine installation. Son expérience avec la sculpture ne date d’ailleurs pas d’hier. Son expression est le fruit d’un va-et-vient permanent entre la peinture et la sculpture; une alternance garante de ressourcement pour sa créativité.