21h00 La Marsa – Banlieue nord de Tunis
Notre horloge biologique déréglée et la ponctuation intensive de nos journées par mille et un rendez-vous, nous font oublier le sens du terme week-end ou de vacances. (Notre horloge biologique déréglée et nos journées intensives, ponctuées de mille et un rendez-vous, nous font oublier le sens des mots « week-end » ou « vacances ».) Au fil des jours, nous apprenons à nous connaître dans cette espèce de collocation mobile qui tente de se trouver de nouveaux repères au bout de chaque quinzaine de jours (Au fil des jours, nous apprenons à nous connaître dans cette espèce de collocation mobile dont les repères se renouvellent chaque quinzaine de jours) . Être sur la route nous apprend aussi à nous détacher. Nous vivons des moments vrais et sincères en compagnie de nos guides du moment, qui nous aiguillent et que nous finissons par adopter dans l’équipe le temps de notre séjour dans leur pays. Des amitiés éclosent et avant l’épuisement de leur nectar, notre saison d’émigration survient et nous nous envolons butiner dans un champ voisin.
Le rétroplanning soigneusement mis au point avant notre départ se voit parfois modifié pour être à l’écoute des nouvelles propositions que l’on nous suggère. Ce dimanche là, nous interrompons notre petite retraite à Hammamet pour assister à la première exposition personnelle de Rand El Haj Hasan.
La jeune jordanienne d’origine palestinienne que nous avons croisée à la Maison de la plage était en résidence de création depuis un mois à Tunis. Architecte de formation et dessinatrice par passion, elle s’est laissée séduire par le charme apaisant du quartier de la Marsa pour tracer, au quotidien, un journal de bord authentique. Ce soir dominical, elle nous a donné rendez-vous au café culturel de l’Agora pour se dévoiler lors d’un vernissage solennel.
Le trajet depuis Hammamet jusqu’au centre de l’ancien faubourg punique nous prend un peu de temps. Nous descendons du taxi en pressant le pas, tout en humant l’odeur mielleuse, mais pour le moins toxique, des narguilés aux pommes dont sont remplies toutes les terrasses de cafés que nous croisons sur notre passage.
Au croisement des chemins de cette ville aux allures chics, entre des villas drapées de chaux blanches et chaussées de portails en bleu ocre, l’Agora a élu domicile. Haut lieu de culture et de proximité, il propose différentes activités. Colloques, signatures de livres et conférences animent ses différents espaces. Tel un véritable théâtre vivant, on y rencontre des habitués du café littéraire, des cinéphiles à la salle de projection et des esthètes à l’espace d’expositions. Ce dernier accueille Ayaam ايام, l’exposition de Rand El Haj Hasan jusqu’au 9 novembre.
Ayaam, ou les dessins du quotidien, est une ouverture sur le monde tel qu’imaginé par Rand. Un petit aperçu de ses expériences journalières qu’elle sublime d’un trait subtil et précis. 365 illustrations, de petits et grands formats, au nombre et au gré des journées écoulées lors de cette dernière année. Son encre noire marque sans couler de trop, créant à son passage une voltige aérienne qui envoûte l’œil. Des cadres qui regorgent de finesse et de poésie que l’on a eu plaisir à découvrir.
La discussion qui s’en suit avec la jeune artiste nous fait voyager jusqu’à Amman, la cité rose-rouge au coeur artistique battant. Amman, que l’on fantasme en fredonnant des airs de Fairouz, est que Rand nous décrit « vibrante et favorable à la rêverie ». En se gardant d’attirer une armada de pèlerins étrangers, la capitale du royaume hachémite conserverait une belle âme. Une conversation brève mais qui n’a pas manqué de nous donner une forte envie d’y aller…
[…] C’est rue Omar Ben Al Khattab, à quelques minutes de la fameuse Rainbow Street que nous retrouvons Mohamed Abd El hadi. Dans l’appartement d’un de ses amis, Ahmed Ameen, l’artiste se trouve au milieu d’un petit comité réuni par Rand El Haj Hasan, artiste et architecte jordanienne que nous avions rencontré à Tunis. […]